On m’a murmuré à l’aube que le parfum des roses
Se ternissait et m’échappait
J’ai senti venir en moi la fin d’un monde
Et mes rêves se sont décuplés
Sensation onirique, va-et-vient pensif
J’ai rêvé mon monde, réinventé le passé
Et j’ai redonné goût à ma vérité
Je suis partie des roses,
Des roses de mon jardin d’enfant,
Elles s’agitaient aux fenêtres
Et de la neige à l’automne elles dormaient sagement
Attendant le sacre du printemps pour réinventer ces beautés qui frappent Ces beautés qui blessent.
Monde d’épines, monde qui brûle, monde qui meurt, et monde de vie
La marche a été longue, difficile, haletante
J’ai cru que je n’allais pas réussir
A gravir les montagnes, et à laisser libre cours à la marche
Et pourtant j’ai marché, loin, et longtemps
Je suis partie comme ça sans donner cours,
Je suis partie un jour comme on tombe en amour,
Le bois de mon enfance m’a ouvert toutes ses portes
J’ai revu le ciel, j’ai revu ma mère, et j’ai senti sous moi
Le poids du silence et des feuilles mortes,
Jour délirant, incessant, violent
J’ai marché,
Le long des rues, des boulevards, des avenues
J’ai crié, j’ai crié si fort que l’on m’a entendu
Et sous le jour béant de désespoir et de l’éternité
J’ai senti en moi se taire le sentiment de vacuité
Je n’ai arraché aucune fleur
Mais à mon retour j’ai planté pour mes aïeux et pour mes enfants,
Cet étrange sentiment de conscience, mi-rêvée, mi-réel
Et du ciel à la mer j’ai vu la beauté, la tristesse, et la renaissance.
Malina Lambert