Opinion

Pourquoi « Astérix et le Domaine des Dieux » est une fable écolo

Cinquième adaptation cinéma de la BD de Goscinny et Uderzo, Le Domaine des Dieux vient bien davantage se ranger dans la catégorie de l’excellent Mission Cléopâtre que dans celle des navets Astérix contre César et Astérix aux Jeux olympiques. Mais il porte surtout un message écolo qui réussit à nous faire réfléchir, entre deux baffes des irréductibles Gaulois.

Attention : cet article contient des spoilers.

Les interprétations de ses aventures ont classé Astérix un peu partout sur l’échiquier politique, des républicains de 1870 à de Gaulle, en passant par rien de moins que la peste brune. Les Schtroumpfs, tantôt marxistes-léninistes, tantôt fascistes, ont aussi fait l’objet de telles controverses. Même La Soupe aux choux n’a pas échappé à une interprétation qui en fait une parabole écolo et vegan.

Mais si des chercheurs plus ou moins sérieux s’écharpent sur le sens politique des aventures du petit Gaulois, tous s’accordent à dire que le petit chien Idéfix, qui hurle à la mort quand on déracine un arbre, est viscéralement écolo. Et justement, de déracinement d’arbres, il en est question dans Le Domaine des Dieux. Si vous n’avez aucune idée de ce dont parle cet épisode, en voici le pitch : pour enfin soumettre les irréductibles Gaulois, il vient à César une idée diabolique : remplacer leur forêt par une luxueuse résidence qui accueillera des centaines de Romains.

Une résidence au milieu de la forêt : ce Domaine des Dieux a tout l’air d’être un énième grand projet inutile et imposé ! Viennent immédiatement à l’esprit ces GPII qui essaiment partout, et en premier lieu le projet de grand centre de vacances dans la commune de Roybon (Isère). Mais malgré la protection militaire des Romains, les irréductibles Gaulois retardent la construction du GPII en replantant les arbres arrachés. Et parfois, les rencontres se font au prix de quelques baffes.

Les braves Gaulois que tout le monde aime n’hésitent pas à utiliser la violence quand l’oppression se fait trop forte. Ça ne vous avait pas sauté aux yeux ? Oui : le village gaulois est une allégorie des ZAD qui fleurissent partout en France. D’ailleurs, est-ce un hasard si la grande opération policière, lancée en 2012 par le gouvernement pour chasser les zadistes de Notre-Dame-des-Landes, avait pour nom de code… Opération César ?

Mais malgré la résistance des Gaulois, la « civilisation » réussit à s’installer au cœur de la forêt. Des centaines de Romains de la classe moyenne viennent inonder le village d’Astérix de leurs sesterces, le transformant rapidement en attrape-touristes, tout entier dévoué aux riches voisins. Finis les banquets, les bonnes vieilles bagarres, la convivialité, qui faisaient l’âme du village gaulois. Le village est devenu dépendant de son imposant voisin. Si bien que rapidement, les Gaulois ne rêvent plus que d’une chose : bénéficier du confort moderne, et aller s’installer dans la luxueuse résidence. César jubile. Il est à deux doigts de proclamer « Veni, Vidi, Vinci » !

Heureusement, dans cette œuvre de fiction, tout finit bien. Les Romains sont chassés, la forêt reprend ses droits, et les irréductibles Gaulois peuvent recommencer à se baffer joyeusement et à chasser le sanglier. Si ses camarades ne l’avaient pas, comme d’habitude, bâillonné, on ne s’étonnerait même pas d’entendre Assurancetourix chanter L’hymne de nos campagnes

Dans la réalité, il est moins sûr que l’histoire se termine sur un happy end. Et ça, ça ne tient qu’à nous.

Quelqu’un a de la potion magique ?

Adrien V

Barbu, écolo et intégriste de l'orthographe. Le prochain qui me traite de bobo, je le lapide avec du tofu.

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