Depuis la mort de Rémi Fraisse, des rassemblements, où la tristesse s’est mêlée à la colère, ont eu lieu partout en France. Lors de plusieurs de ces rassemblements, des affrontements entre des « autonomes » et la police ont éclaté. S’est alors posée la question du rapport des écologistes avec ces militant.e.s violent.e.s : quelle attitude adopter quand on est pacifiste ? Camille* nous présente son point de vue sur la question.
Lors de la manifestation anti-OMC à Seattle en novembre 1999, deux cents activistes saccagent des vitrines de banques et de commerces, et pillent des magasins, causant 7 millions de dollars de dommages. Des slogans sont tagués sur les murs et le mobilier urbain est brûlé. Depuis cette date, aucun sommet international ne se déroule sans accroches, parfois particulièrement violentes. Certaines ont même causé des morts parmi les manifestants, amenant ces activistes à être mal vus dans les milieux altermondialistes. Ces activistes, ce sont les anarchistes autonomes.
Qui sont les autonomes ?
Avant de poser la question de leur légitimité à être présent-e-s dans les manifestations, penchons-nous d’abord sur leur mouvement. Beaucoup de personnes font des amalgames entre autonomes, anarchistes, altermondialistes et ultra-gauche. Alors, qui sont les autonomes ?
Le mouvement autonome est né dans les années 70 et prône une rupture par rapport à l’État, les partis politiques et les syndicats. Se réclamant de l’anarchisme insurrectionnel, il revendique des pratiques de propagande par le fait, de reprise individuelle et de sabotage. Il prône l’insurrection comme moyen efficace d’affaiblir et de mettre à mal la société dite de domination, autoritaire et capitaliste. Il ne faut pas le confondre avec le mouvement libertaire institutionnalisé (CNT, FA, AL…), qui prône un collectivisme anticapitaliste.
Le but est de créer une situation révolutionnaire permettant ainsi de libérer des zones, où l’autonomie serait possible et les classes abolies. Son organisation la plus fréquente prend la forme d’une communauté fermée (« groupe d’affinité »), qui refuse toute exposition médiatique, par exemple la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dont les médias sont bannis. Elle peut aussi s’organiser spontanément lors de manifestations, par exemple les « black blocs », pour se disperser dès la manifestation terminée.
Quand la cause n’est qu’un prétexte à l’action violente
La question n’est pas celle de la légitimité de l’utilisation de la violence, qui pourrait entrer des débats philosophiques longs. Ce qui est en cause, c’est d’une part la légitimité des autonomes à être présents dans les manifestations altermondialistes, et d’autre part l’efficacité de la violence pour la lutte qu’elle est censée soutenir.
Les autonomes suivent l’agenda altermondialiste sans y participer. Ils profitent de la contestation pour agir sans aucun respect des décisions des acteurs altermondialistes et de leurs partenaires, syndicats ou partis politiques. Sommet du G8, GPII ou manif antifasciste, peu importe : la cause n’est qu’un prétexte à l’action violente. Comment, dans ce contexte, les considérer comme nos allié-e-s, même de circonstance ?
Offrons un autre imaginaire
Leur violence est également dirigée contre les médias et les « partenaires » qui ne seraient pas assez anticapitalistes selon eux. Les autonomes se mettent donc de facto en marge des collectifs censés organiser la contestation. Les y accueillir serait une erreur, si l’on veut s’organiser et construire quelque chose.
La vision d’un quartier dévasté, du mobilier urbain détruit et des vitrines cassées donne-t-il envie de voir leur monde ? À une situation aujourd’hui anxiogène – la crise – doit-on donner comme perspective la violence, la peur et la haine ? En tant qu’écologistes, nous devons offrir un autre imaginaire : celui d’une société apaisée, heureuse et non violente. Les oppositions doivent pouvoir s’exprimer, mais sans haine et sans violence.
À nous de porter cette vision en rejetant ceux qui n’ont que faire de nos combats, et qui les desservent par l’action violente.
*Le prénom a été changé à la demande de l’auteur-e.
Bonjour,
Cet article est tellement caricatural que cela en devient ridicule. L’auteur(e ?) n’aura probablement jamais côtoyé les milieux autonomes pour en arriver à écrire un torchon pareil !
Tout comme vous, je ne souhaite pas m’insérer dans le débat cherchant à savoir si la violence est nécessaire ou non, puisque ce n’est pas le propos. Voici donc en détail ce qui me choque dans cet article.
D’une part, j’ai l’impression que vous faites un fort amalgame entre « autonomes » et « tiqqunien.e.s ». Il existe différents courants au sein du mouvement autonome qui ne prônent pas tous l’insurrection violente. La démagogie n’est pas loin avec ce genre de propos.
D’autre part, vous parlez de légitimité à faire partie d’une manifestation. Quelle blague… N’autorisons donc plus que les organisations institutionnelles à défiler dans des manifestations proprement déclarées, munis de slogans déjà préparés à l’avance. J’ai comme l’impression que la spontanéité et le soulèvement populaire face aux crimes d’État a tendance à vous échapper…
Dernier point, les manifestations sont constituées de personnes réelles avant toute chose. Des personnes qui font des choix individuels et collectifs. Tout cela pour dire que la violence est utilisée par des militant.e.s syndiqué.e.s, partisan.e.s, associatifs/ves, autant que par des militant.e.s non embrigadé.e.s. La violence n’est pas l’apanage d’un groupe en particulier, mais celui du peuple dans son entièreté. L’usage des étiquettes sous lesquelles se planquent la plupart des militants politique rend facile l’accusation de tel ou tel groupe qui ne rentrerait pas dans les mêmes logiques politiques.
Merci donc de stopper la désinformation, les médias traditionnels s’en chargent déjà bien assez comme cela.