Étaient réunis à Bordeaux, le samedi 5 octobre, huit des dix eurodéputé-e-s de la circonscription Sud-Ouest, avec évidemment les deux écologistes Catherine Grèze et José Bové, et l’absence notable de Jean-Luc Mélenchon, critiqué à demi-mots par le président des Jeunes Européens Bordeaux « s’ils sont huit et non dix, ce n’est pas par manque de chaises ». Ces huit élu-e-s pour l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon avaient un simple objectif : redonner envie d’Europe à une salle étonnamment pleine. Toutes et tous étaient d’accord sur la nécessité d’une communauté européenne plus forte et plus unie. En revanche, une divergence était bien sûr notable sur un sujet : l’économie et la finance. Il était tout d’abord à déplorer que l’on parle plus de développement économique, que de développement humain. Ce que n’a pas manqué de leur indiquer Alice des Jeunes Écologistes Bordeaux-Aquitaine, lors des questions du public.
Au-delà de cette question, ce qui sautait le plus aux yeux, c’était la volonté des eurodéputés du Parti Populaire Européen (PPE) et des libéraux-centristes (ADLE) de mettre en avant la nécessité de « compétitivité » et de « réduction des dettes » des États-membres de l’Union européenne, en soulignant bien que la France profiterait de sa place de grande puissance européenne pour échapper aux sanctions de « Bruxelles ». Ce qu’oublient ces élu-e-s, c’est de mentionner les conséquences pour les pays que « Bruxelles » — nous serons plus précis qu’eux en indiquant qu’il s’agit là de la Commission Européenne — a sanctionné et forcé à prendre des mesures budgétaires drastiques. Prenons ici l’exemple le plus connu, celui de la Grèce.
La coupure des chaînes de télévision publiques grecques a fait la une des journaux télévisés français en juin dernier, parce qu’ils disposaient ici d’une image choc. Mais il ne s’agit là que de la pointe d’un iceberg de la honte. Les universités d’Athènes, de Patras, de Crète, d’Ioannina et de Thessaloniki ont dû fermer à cause des licenciements de fonctionnaires du gouvernement grec. Ce qui signifie donc que la Grèce, berceau de la culture européenne, sacrifie son savoir sur l’autel de l’ultra-libéralisme. Mais c’est loin d’être le pire. À cause de sa situation de faillite, l’État grec n’est plus en capacité de mettre à disposition des hôpitaux et des pharmacies suffisamment de médicaments, sacrifiant ainsi les traitements pour plusieurs maladies, virus ou infections dont le diabète, la sclérose en plaques ou… le cancer. En effet, suite à toutes les coupes budgétaires que le gouvernement grec a acceptées sous le chantage aux aides financières de la Commission européenne et du Fonds Monétaire International (FMI), les hôpitaux publics grecs ne sont plus en mesure de fournir des chimiothérapies aux personnes atteintes d’une tumeur, signant ainsi un réel arrêt de mort pour toutes les personnes incapables de payer de leurs poches ce type de traitement. Avec un Grec sur quatre au chômage, le nombre de ces gens est en constante augmentation.
La « cure d’austérité » recommandée par toutes les droites européennes s’avère donc être un véritable poison, et il apparaît une fois de plus qu’il est temps d’un changement de cap, pour sauver l’Europe de ceux qui la détruisent en prétendant vouloir la sauver. Les écologistes continueront à s’engager de toutes leurs forces dans la voie d’une Europe solidaire de ses peuples, et ce avec de vrais lendemains qui chantent, de Dublin à Athènes, en passant par Paris et Berlin.
–
Nelson Palis N.