Un livre de Jacques Caplat
Chronique ordinaire d’un livre indispensable à qui veut en savoir d’avantage sur l’agriculture biologique.
Publié récemment, le livre de Jacques Caplat intitulé « L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité » est avant tout un formidable travail de scientifique. Agronome de formation, conseiller pour une chambre d’agriculture et également fils de paysans, Jacques Caplat peut se targuer de maîtriser le sujet de l’agriculture biologique, des détails techniques, biologiques et physiologiques, jusqu’aux enjeux législatifs et géopolitiques.
Car oui, nous avons affaire ici (c’est d’autant plus rare qu’il nous faut le souligner) à un livre développant une vision transversale et globale de l’agriculture biologique. A travers cette question centrale : peut-on nourrir l’humanité avec l’agriculture biologique ?, Jacques Caplat réexamine les fondements de l’agriculture biologique en développant largement les conditions de sa création, les étapes de son développement et les bénéfices à développer ce type d’agriculture.
S’opposant à un certain nombre de visions pré-conçues de l’agriculture biologique, l’auteur revient premièrement sur le fait qu’ « agriculture biologique » ne signifie pas uniquement abandon des pesticides et engrais chimiques. L’agriculture biologique propose une alternative agricole, un processus total et complet d’alternative agronomique, qui passe par un grand nombre de pratiques alternatives (compostage, rotation des cultures, respect des équilibres sol/plante, respect de la biodiversité, soin particulier accordé au mode de transformation et de commercialisation du produit issu de l’agriculture biologique).
Il distingue également l’agriculture biologique de l’agriculture traditionnelle. Dans l’imaginaire collectif, agriculture biologique signifie encore trop souvent « agriculture traditionnelle », agriculture de nos grands-parents, à l’ancienne, etc. Cela ne rend pas justice à l’agriculture biologique qui bénéficie des innovations scientifiques et qui possède actuellement un rendement moyen de 60 quintaux à l’hectare (contre 12 quintaux à l’hectare pour l’agriculture traditionnelle définie comme l’agriculture en France en 1900). L’augmentation est donc de 400% !
Dernière idée reçue que l’auteur souhaite combattre : l’agriculture biologique est incapable de nourrir l’hmanité. Idée fausse s’il en est ! D’après lui, on a souvent tendance à édvelopper une vision très ethnocentrée de l’agriculture et à considérer que ce qui est vrai en France, l’est aussi dans d’autres pays. Et de généraliser ainsi : s’il est vrai qu’en moyenne en France la baisse de rendement d’un hectare mené en agriculture biologique est de 15 à 20% par rapport au même hectare mené en agriculture chimique, cela doit être la même chose dans les pays tropicaux ! Vite, vite, la « révolution verte » (prime de l’hypocrisie pour ce nom habilement trouvé) pour les pays tropicaux !
Problème : les pays ayant adopté la « révolution verte » font machine arrière et se mettent à produire en agriculture biologique. On néglige en effet souvent la capacité de résistance de l’agriculture biologique aux aléas climatiques. Les rendements céréaliers obtenus par l’agriculture biologique dans les pays tropicaux sont en moyenne 79% supérieurs aux rendements obtenus par l’agriculture chimique ! Les raisons : une richesse du sol plus importante qui limite l’érosion plus importante en milieu tropical, la présence de haies protégeant mieux des intempéries, etc.
Et comme preuve de ces capacités de résistance de l’agriculture biologique, l’auteur prend les chiffres de son développement dans le monde et rappelle à ceux qui ne le saurait pas que l’agriculture biologique s’est massivement développée sur la période 2000-2009 sur le continent africain (développement de +400% des surfaces menées en agriculture biologique), suivi de près par le sous-continent sud-américain. Un sacré coup de pied dans la fourmilière des débats très ethnocentrés ! L’agriculture biologique, selon les estimations d’une étude citée dans le livre, est au moins apte à nourri 9 milliards de personnes, et sans doute d’avantage… Quand on reconsidèrera sérieusement le potentiel de l’agriculture biologique et qu’on lui accordera les moyens nécessaires à son développement ! A bon entendeur…