Opinion

La face sombre du cacao ; situation en Côte d’Ivoire

Article rédigé à partir de la soirée Discord « Mardi, c’est GT » des Jeunes Écologistes, avec Sandy Kouame, jeune écologiste ivoirienne.

Parlons du chocolat. Ce petit plaisir innocent, que l’on consomme souvent avec joie, notamment en période de fêtes. Pourtant, ce produit pose différents problèmes écologiques et environnementaux. Pour en parler, les Jeunes Ecologistes ont invité Sandy Kouame, jeune militante écologiste de Côte d’Ivoire, à leur soirée Discord hebdomadaire et thématique du mardi soir. La Côte d’Ivoire est le 1er producteur et exportateur de cacao dans le monde, avec 40 % de la production mondiale cultivée sur son territoire.

D’où vient le cacao ? Oui, il est cultivé en Côte d’Ivoire, mais la cacaoyer est une plante qui a été importé d’Amérique du Sud par les colons. Ainsi, cette plantation n’est pas consommée sur place, mais destinée à l’exportation, principalement en Europe mais aussi en Amérique du Nord.

Tout en bas de la chaîne économique du cacao, on retrouve le cultivateur. Seulement 5 % du prix du cacao revient à ces familles, ce qui correspond en moyenne 54 centimes d’euros par jour. Ces familles vivent presque toutes sous le seuil de pauvreté.

Pour produire toujours plus de cacao, les industries cacaotières déforestent massivement. Ainsi, 80 % de la couverture forestière de la Côte d’Ivoire depuis 1960. Cette déforestation est une catastrophe écologique majeure ; de nombreuses espèces animales et végétales sont menacées de disparition. Des espèces emblématiques de la Côte d’Ivoire, comme les éléphants, ont ainsi vu leur population décliner, au point de devoir en réintroduire ! Les chimpanzés sont eux aussi sérieusement menacés, et selon Sandy Kouame, il n’y en aura plus dans une vingtaine d’années…

Un récent rapport de l’ONG Mighty Earth révélait que d’importantes surfaces des parcs nationaux et forêts protégées de Côte d’Ivoire et du Ghana ont été converties en champs de cacao. Face à la demande croissante des industriels du chocolat, les négociants de cacao (notamment Olam, Cargill et Barry Callebaut) ont cherché à s’étendre, au mépris de l’environnement et des lois, et ce depuis des années ! De plus, ces cultures utilisent énormément de pesticides et d’engrais chimiques, ce qui pollue durablement l’air, l’eau et les sols. Et même si l’agroforesterie se développe, la forêt primaire, touchée en plein cœur, ne pourra jamais s’en remettre avant des siècles.

Malgré cette situation écologique et sociale dramatique, les pouvoirs publics ne se préoccupent pas vraiment de cette question. De plus, les bénéfices des industries cacaotières ne cessent de progresser. Dans une économie capitaliste, une des seules choses qui peut faire bouger la morale, c’est le porte-feuille. Sandy Kouame pense qu’il faut d’abord opérer une prise de conscience auprès des consommateurs et consommatrices de chocolat. Pour renverser l’image positive du chocolat en quelque sorte. Pour rendre compte de la réalité de la production cacaotière. Pour changer les comportements. Sandy Kouame nous a donné un exemple d’action : en Côte d’Ivoire, les militant-e-s écologistes distribuent des barres chocolatées avec le message « détruit la biodiversité » pour sensibiliser les passant-e-s.

La suite de cette histoire dépend de nous. Ces prochains jours ouvriront les salons du chocolat partout en France. C’est une bonne occasion de rappeler cette face sombre du chocolat, et d’agir pour que ce petit plaisir ne se fasse pas sur le dos des peuples et de l’environnement.

Pour approfondir ce sujet, nous vous invitons à consulter le dossier très complet de l’ONG Mighty Earth sur la question : http://www.mightyearth.org/destructiondesparcsnationaux/

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