Ils rêvent
même lorsqu’ils sont debout
d’un monde à leur service
de montagnes de fric
Ils rêvent
d’être les rois des rois
de n’avoir qu’un seul nom
celui du bonheur fou
Ils rêvent
de façonner les rocs
comme on pétrit les pains
dans la torpeur nocturne
Ils rêvent
d’effacer les frontières
d’éradiquer le temps
de supprimer la mort
Ils rêvent
d’animaux mécaniques
de pensées raisonnables
d’une planète carrée
Ils rêvent
sans qu’ils puissent s’arrêter
défiant l’avenir
et les hommes et les dieux
Ils rêvent
de tout ce qu’ils n’ont pas
de rivières dorées
et de lingots d’azur
Ils rêvent
ils rêvent sans frémir
parce qu’ils ont oublié
les larmes de leur mère
Ils rêvent
grands automates aveugles
ne pouvant s’éveiller
un matin qui s’étire
Ils rêvent
tant pis pour ceux qui restent
tapis dans leur orgueil
fuyant l’humanité
Et nous
petites mains du chaos
spectateurs de l’abîme
qui dormons avec eux
Et nous
figurants des étoiles
allons-nous si longtemps
jouer les comédiens ?
–