Opinion

Cétacé avec la pollution en mer !

Le 6 novembre 2014, en partenariat avec le Salon de l’Ecologie, se tenait le Café de la Biodiversité avec pour intervenants Michel et Sophie Franck de Terre Marine. Guillaume y était pour nous et nous raconte :

« La mer n’est pas un monde silencieux, c’est un univers habité par le bruit » a commencé Sophie Franck de Terre Marine.

Terre Marine, qu’est-ce ? C’est une structure coopérative à but non-lucratif qui « collecte des données scientifiques, sensibilise et informe sur la vie marine en Méditerranée » peut-on lire sur leur site. Les objectifs sont donc multiples. Ces scientifiques se rendent en mer, ou près des littoraux, afin de collecter des sons et ainsi évaluer les nuisances sonores sous-marines. Mais ils collectent également de micro-particules de plastique en mer afin de contrôler quels impacts ces dernières peuvent avoir sur la faune et la flore sous-marines et, par voie de consommation, sur l’homme. Le constat n’est pas à prendre à la légère.

« La mer n’est pas un monde silencieux, c’est un univers habité par le bruit »

Le journal Le 1 avait lui même fait paraître en juillet 2014 un article intitulé : « Le plastique : serial killer des océans ». « Il faut imaginer cette soupe de plastiques ! », s’écrit Michel Franck, « Le plastique flotte, coule et se désagrège pour former des micro-particules polluantes et toxiques. Et ne pensez pas que cela vient de la mer : 80% de la pollution vient de la terre par ruissellements et par les fleuves ! On retrouve même du PCB, alors que ce produit est sensé être contrôlé puisqu’il est très dangereux car extrêmement nocif. ».

Nos intervenants, Sophie et Michel Franck commencent dans un premier temps par nous présenter les cétacés vivant en Méditerranée. Oui, ils sont là, et tout proche. Il y a un territoire de vie pour ces mammifères marins dans le Golfe du Lyon. C’est en premier lieu, le plus célèbre des cétacés à dents, le grand dauphin que tout le monde connaît. Plus au large, le dauphin bleu et blanc – au large de Marseille, on compte 35 000 individus- et le dauphin de Risso. Ce sont également des cétacés à fanon qui peuplent la Haute mer. Le rorqual commun, qui vit à 600 mètres de profondeur. Et on trouve également le cachalot, un champion de l’apnée !

Dauphin bleu et blanc
Dauphin bleu et blanc
Dauphin Risso
Dauphin Risso
Grand dauphin
Grand dauphin

 

Cachalot
Cachalot
Rorqual
Rorqual

Au total, ce sont 18 espèces de cétacés qui peuplent la Méditerranée, selon le GREC (Groupe de Recherche sur les Cétacés). « Quelle biodiversité incroyable ! Ces espèces sont magnifiques.», s’enthousiasme Sophie Franck. « Mais elles sont menacées », ajoute son voisin. Chaque année, ce sont des échouages -comme au Cap d’Agde-, des intoxications avec plusieurs origines dont une partie ne nous est pas encore connue : les événements climatiques, la pollution sonore qui empêche à ces animaux de se repérer, … L’écholocalisation est un atout pour ces mammifères qui leur permet de chasser, de former une cohésion dans les groupes, d’éduquer les petits. Mais les nuisances acoustiques sous-marines brouillent ce sens très développé, et elles sont malheureusement d’origines anthropiques pour les plus perturbatrices. Il y a également cette menace de collision avec les 200 000 bateaux qui sillonnent la Méditerranée tout le long de l’année.

« Pour protéger il faut aimer. Pour étudier, il faut être en mer »

Nous avions déjà vu que le plastique était un serial killer. Mais les pesticides, les métaux lourds, les hydrocarbures – 25% du trafic pétrolier en Méditerranée dans l’année-, les molécules médicamenteuses -« Comme si les poissons avaient besoin l’aspirine ou de médicaments ! », dit pince-sans-rire Michel Franck – qui troublent les hormones des poissons, la surpêche -un sujet sensible-, ne sont pas en reste. Ce qu’il y a en vérité de flagrant ce sont le manque d’intérêt et de contrôle. Il y a également l’augmentation de la température (+1°C) qui provoque une élévation des eaux et une diminution de l’oxygène dans la mer. Qui dit manque d’oxygène dit aussi asphyxie. Le poisson a beau vivre dans un milieu aquatique, il respire lui-aussi. « On s’imagine que la forêt amazonienne est le poumon vert de la Terre. C’est une idée fausse. Le véritable poumon de la Terre, c’est la mer ! La biomasse marine produit 63% de l’oxygène ! ». La mer Méditerranée est une mer fermée qui met un siècle pour se renouveler et sur son littoral se répartissent 85 villes avec plus de 300 000 habitants. Imaginez toutes ces eaux usées qui doivent se déverser dans Mare Nostrum, d’autant que le traitement des eaux usées ne semblent pas être une priorité pour certains pays riverains. Imaginez l’impact sur la biodiversité ! Le tourisme n’arrange rien quand à lui et exerce une pression conséquente sur nos littoraux et sur la Méditerranée. C’est un tiers du tourisme mondial qui plonge ses pieds dans la grande bleue chaque année. Cette mer, elle est à protéger et cela nécessite un travail scientifique avec la collecte de données – il y a Terre Marine, mais également TARA Méditerranée, Cybelle Méditerranée, Expédition Med – mais également citoyen en engageant notre responsabilité dans la préservation du milieu marin.

« Pour protéger, il faut aimer. Pour étudier, il faut être en mer », nous explique Sophie Franck. La Méditerranée est en danger, il faut protéger ce milieu et sa biodiversité. « C’est pour cette raison que nous avons lancé un projet de catamaran, le Sea Explorer, véritable laboratoire acoustique et de collecte flottant, et à vocation pédagogique ». Car il s’agit également d’éduquer, de sensibiliser l’opinion aux études du milieu marin, dont les cétacés, grâce à des croisières scientifiques organisées par nos deux intervenants.

Suite à l’intervention de Michel et Sophie Franck, un temps pour les questions du public a été observé.

Mais c’est à mon tour ici de me questionner lors de la rédaction de ce compte-rendu. Cette conférence a renforcé ma position sur cette menace qui pèse sur les cétacés vivant en Méditerranée mais également sur les espèces qui vivent dans les grands océans. J’ai fait mes recherches et ai collecté certaines informations que je souhaiterais partager avec vous. Ces dernières
ne sont pas basées sur la pollution. J’ai cherché à élargir le sujet.

Je me suis d’abord posé la question de la chasse. Les baleines ont été longtemps chassées au cours du XIX° et XX° siècle pour leur chaire, leur cuir, leur fanon ou leur graisse. Avec environ 1, 5 millions de baleines au début du XIX°, nous sommes, en 2003, à environ 100 000 individus peuplant nos océans. Constat frappant, la chasse diminue mais la population de ces espèces ne semble pas augmenter pour autant. Elles sont toutes menacées aujourd’hui et c’est pour éviter les extinctions que la CITES – Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – a strictement interdit le commerce de la baleine. Mais alors pourquoi existe-t-il encore une chasse ? Le commerce est interdit, mais la chasse ne l’est pas. La CBI – la Commission Baleinière Internationale – régule cette chasse et est la seule commission de gestion des stocks de baleines dans le monde. Le moratoire de 1986 interdit la chasse à des fins commerciales mais n’interdit pas celle de subsistance – pêcheurs du Nord de l’Alaska, par exemple ou à des fins scientifiques. Il existe malgré tout des oppositions. La Norvège et l’Islande continuent cette chasse car ils considèrent ce moratoire comme contraire à leurs intérêts nationaux et fixent eux-mêmes leurs quotas chaque année. Le Japon continue également et utilise une des failles de la CBI : la chasse à des fins scientifiques. Mais c’est en réalité la commercialisation qui en est le but. Néanmoins, il y a un changement. Durant ces dernières années, le Japon a connu le plus faible taux de pêche à la baleine. Est-ce grâce aux ONG qui combattent les baleiniers ? On remarque que l’opinion public japonais est plus sensible à cette cause et réduit sa consommation de baleine. La chasse ne devient, en vérité, plus rentable. C’est une avancée mais tout reste encore à faire. La CITES a un peu changé les mentalités mais elle n’a pas assez de poids sur les Etats et des problématiques se posent toujours, tel que celui des sanctuaires baleiniers violés impunément.

J’ai également visionné Black Fish… Je me prononce contre le commerce qui est fait dans une époque où l’esclavage est considéré comme une abomination mais que l’on continue à pratiquer sur les animaux. Je ne mettrai plus un pied dans un aquarium, ni dans un zoo, où l’on expose encore vivant des animaux pour satisfaire un public friand de sensations et de … magie (?). Cessons cet orgueil et cette cupidité qui caractérisent une humanité égocentrique. Il s’agit d’écouter le chant de la baleine, profond et mélancolique, pour se rendre compte que d’autres espèces vivent avec nous sur cette Terre. La biodiversité est vaste ! Immense ! Devenons l’Humanité de demain, cette Humanité qui accepte cette diversité d’êtres qui l’entourent et qui cherche à en prendre soin et non à la détruire. Cétacé à la fin !

Note personnelle : Après avoir visionné le documentaire Black Fish, j’ai appris que la nageoire dorsale d’un orque mâle est toujours haute et droite dans son milieu naturel. Il n’en est pas de même chez les mâles vivant en captivité. La nageoire dorsale tombe. L’on ne peut pas trouver signe plus
flagrant d’un mal-être chez l’animal.

Orque en liberté
Orque en liberté

Orque en captivité
Orque en captivité

 

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