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Inside COP

#InsideCOP J3 : Transparence maintenant !

Du 30 novembre au 11 décembre a lieu au Bourget, en Seine-Saint-Denis la COP21. Les 7000 représentants des 196 signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se réunissent afin de mettre sur pied un accord universel de lutte contre le changement climatique. Cinq jeunes écologistes ont réussi à se faufiler à l’intérieur du centre de conférence. Chaque soir, ils racontent à la Souris Verte leur journée #insideCOP.

Lucile est notre informatrice du jour infiltrée au cœur de la COP21. Elle nous en dit plus sur la place réservée aux ONG et leur difficulté à faire entendre leur voix au sein de cette grand-messe climatique.

Photo Lucile
Lucile, notre informatrice du jour, est ravie de voir que la planète n’est pas perdue : on l’a retrouvée près du stand des Etats-Unis.

Vous commencez à avoir l’habitude maintenant… mais on vous redonne quand même le lien des articles relatant les deux premiers jours de négociations ici et là!

La SV : Bonsoir Lucile. Veux-tu nous décrire un peu l’ambiance à la COP aujourd’hui ?

On sent une différence depuis ce matin. Les négociations ont vraiment commencé, on a senti qu’on « entrait dans le dur » ! Hier c’était les grandes déclarations sur comment on va sauver le climat, aujourd’hui c’est plutôt « c’est bien de sauver le climat, mais ça serait aussi bien de ne pas dépenser notre argent, de ne pas trop changer notre économie… » du moins pour les négociateurs qui ne viennent pas de pays pauvres ou de petites îles.

La SV : Avez-vous eu plus de succès que les deux premiers jours pour suivre ce qui se trame derrière les portes ?

Nous sommes, en tant qu’ONG, exclus des négociations. Ce matin, avec un groupe de jeunes, nous avons essayé d’entrer de force dans une salle où se déroulait une session de négociations sur l’article 2 (qui concerne les droits de l’homme et l’équité intergénérationnelle). Nous nous sommes alignés au fond, contre le mur. Comme nous étions une vingtaine, la sécurité a vite compris que nous n’étions pas des négociateurs… ils nous ont donc fait sortir et nous ont expliqué que c’était pour des contraintes de place, alors que la réunion était dès le départ fermée aux observateurs de la société civile.

La SV : J’ai cru comprendre que vous aviez rencontré un certain monsieur Fabius aujourd’hui…

Nous ne l’avons pas vraiment rencontré, mais nous avons participé à une conférence à destination des orgas de la société civile. Il a notamment souligné qu’il voulait arriver à un accord contraignant, et que si on la conférence de Paris était un échec, il faudrait revoir tout le processus des COP. Pour lui, arriver à un accord serait une réussite personnelle, le sommet de sa carrière – et étrangement, ça coincide avec ce qu’on défend pour la COP !

https://twitter.com/raph_klitting/status/672087903040872448

Beaucoup de questions ont tourné autour de l’ouverture et de la transparence. La réponse est plutôt insatisfaisante : les organisateurs estiment qu’ils ont fait des efforts, en retransmettant certaines réunions et en projetant les textes en négociation en temps réel – sachant que parfois il y a des « arrêts techniques » un peu mystérieux. Il n’en reste pas moins qu’ils ne veulent pas trop que la société civile mette son nez dans les négociations…

La SV : A ton avis, pourquoi les organisateurs de la COP font-ils le choix d’exclure les observateurs des sessions de négociations ?

On les dérange, on bouscule le système avec nos revendications. Nous ne sommes pas menés par notre intérêt personnel, celui d’un petit groupe, ou des intérêts financiers… mais par des intérêts plus larges, voire le bien de l’humanité. C’est plus simple de nous donner des bribes d’influence plutôt que d’instaurer une réelle inclusion de la société civile. Il y a une distance très forte entre nous et les politiques, les négociateurs ; pour rire, on les appelle les « pingouins » à cause du costard-cravate, alors que du côté ONG c’est plutôt T-shirt à fleurs, tu peux te fondre dans la masse. Jusque dans l’habillement, on sent qu’on ne fait pas partie du même monde.

La SV : Un bon moment de la journée à partager avec nous ?

Après midi, les choses se calment un peu pour les délégués des ONG. On suit des conférences de presse et des plénières sur nos ordinateurs. Certaines réunions ne sont pas ouvertes, mais elles sont retransmises. On commence à travailler sur les documents et les articles en négociation.

Et on rigole beaucoup. On va courir après une célébrité, puis on revient… on décompresse un peu, même si parfois les réunions qu’on écoute donnent envie de taper sur l’écran !

La SV : Un message particulier à transmettre, pour la fin de cette interview ?

Je suis convaincue que c’est en communiquant avec la sphère citoyenne à l’extérieur de la COP, en expliquant que nous sommes un peu dépourvus à l’intérieur, en montrant notre mobilisation à l’extérieur, qu’on pourra montrer aux chefs d’Etat qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi ! Il faut y arriver, malgré l’état d’urgence et son utilisation abusive à l’encontre des militants écologistes.

 

Quand elle ne traque pas les VIP dans les couloirs du Bourget, Lucile est maîtresse en maternelle. Vous pouvez suivre sa chronique vidéo Une maîtresse à la COP pendant toute la semaine !

La Souris Verte

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