Inside COP

#InsideCOP J12 : Un accord, bien. Mais ensuite ?

Du 30 novembre au 11 12 décembre a lieu au Bourget, en Seine-Saint-Denis la COP21. Les 7000 représentants des 196 signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se réunissent afin de mettre sur pied un accord universel de lutte contre le changement climatique. Cinq jeunes écologistes ont réussi à se faufiler à l’intérieur du centre de conférence. Chaque soir, ils racontent à la Souris Verte leur journée #insideCOP.

Vous pouvez relire les récits des précédentes journées en cliquant ici.

Pour ce dernier jour de COP, nous retrouvons Axel, militant à Rouen et membre de la délégation des Jeunes Écologistes à la COP21

SV : Bonjour Axel, merci de nous retrouver une dernière fois et merci à l’ensemble de la délégation, au nom de tous les lecteurs de la Souris Verte d’avoir, chaque soir, pris le temps de répondre à nos questions. La COP touche à sa fin et se conclut comme on pouvait s’y attendre, par la signature d’un accord en demie-teinte… Avant de parler de cet accord, peux-tu nous raconter cette dernière journée ?

Axel : Comme on a pu vous le dire hier, nous avons choisi de rejoindre les mobilisations qui avaient lieu à Paris pour protester contre cet accord qui s’annonçait déjà insuffisant. Nous avons donc participer à la grande action « Lignes Rouges » sur l’Avenue de la Grande Armée à Paris, qui avait pour but de représenter les fameuses lignes rouges que l’accord ne devait pas dépasser. On a ensuite rejoint le grand rassemblement citoyen du Champ de Mars. Hier, nous avions vu à quel point nous n’avions plus aucun accès aux négociations et que les actions étaient le seul moyen de se faire entendre. On a donc trouvé plus utile de rejoindre ces mobilisations et d’agir concrètement.

Nous sommes ensuite rentré au Bourget, vers 15h, peu de temps après la publication de la dernière version de l’accord pour commencer à l’analyser puis pour assister à la cérémonie de clôture. L’approbation de l’accord en elle-même a duré à peine quelques secondes.

SV : En ce qui concerne le contenu de cet accord, on entend beaucoup d’ONG parler d’un accord qui se fixe une belle ambition, en mentionnant l’objectif des 1,5°C de réchauffement, mais qui ne se donne pas les moyens de ses ambitions. Qu’en penses-tu ?

Axel : Oui, je suis complètement d’accord avec cette analyse. On s’est beaucoup battu pendant des mois pour dire que l’objectif des 2°C n’était pas suffisant et qu’il ne fallait pas que le réchauffement dépasse 1,5°C. C’était vraiment notre combat principal, c’était le combat des pays insulaires et on a le sentiment de s’être fait arnaqués. Cela semblait logique que s’il existait un objectif à long terme, il faudrait se donner des moyens en accord avec ces objectifs. Or l’objectif à long terme a été posé « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C » mais l’accord ne prévoit la mise en place d’aucun mécanisme, en terme de financement d’atténuation des impacts du changement climatique, de trajectoire de réduction des émissions, etc. Les pays insulaires ont dû faire énormément de concessions pour obtenir ce 1,5°C et toutes les choses intéressantes de l’accord ont été enlevées.

SV : D’un autre côté, c’est la première fois que les 195 états se mettent d’accord sur un tel texte et la porte reste ouverte pour de futures améliorations. On espérait pas beaucoup plus de la COP21 il y a deux semaines… N’est-ce pas le plus important ?

Axel : Oui, le moment était historique, la mobilisation d’autant de chefs d’état était une première. Mais ce que disent les scientifiques, c’est qu’on a seulement une dizaine d’années pour agir contre le changement climatique. Si on avait le temps d’agir, si on avait trente ans devant nous, cet accord serait suffisant parce qu’il met en place des processus qui peuvent être améliorés dans le futur et qui vont plutôt dans la bonne direction. Mais aujourd’hui, cela ne va pas assez rapidement. L’accord n’est donc pas du tout à la hauteur de l’enjeu et à la hauteur de l’urgence climatique. On en espérait pas plus il y a deux semaines mais ça n’empêche que cet accord ne suffit pas.

On a assisté à une petit évolution alors que nous avions besoin d’un véritable changement de pensée, de système, de dogme. On a fait un petit pas alors qu’on avait besoin d’un grand pas, d’un tournant voire d’un demi-tour, d’un changement de système.

SV : Comment vois-tu demain ? Ce matin, vous étiez avec ces dizaines de milliers de personnes qui se mobilisaient, dans la rue. La mobilisation de la société civile n’est-elle pas le moyen de corriger l’insuffisance de cet accord en faisant pression sur les gouvernements ?

Axel : Exactement. On entend dire que cet accord est juridiquement contraignant mais en réalité, les états ne sont même pas engagés par les contributions qu’ils ont déposé, ce ne sont que des contributions volontaires. C’est à nous, société civile, d’agir, de surveiller que les états mettent en œuvre ces contributions, de mettre la pression sur nos dirigeants. La chose la plus positive qui soit ressortie de cet conférence, ce sont les très nombreux événements qui ont lieu.

La mobilisation des maires est un bon exemple. C’est au niveau au local que l’on pourra faire avancer les choses, c’est grâce aux initiatives locales que l’on pourra diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. C’est à, nous, la société civile de se mobiliser pour mettre en place des projets qui vont dans le bon sens, pour pousser nos représentants locaux à prendre les bonnes décisions.C’est à nous de le faire, on s’est bien rendu compte que le processus onusien n’est pas suffisant.

La COP  a aussi été l’occasion d’un rassemblement très large autour de la coalition climat par exemple. C’est la première fois qu’autant d’organisations se sont rendu compte qu’il y avait un telle convergence des luttes, autour de la question climatique. Il y a un nombre incroyable de citoyens et d’ONG dont le climat n’est pas la mobilisation première mais qui ce sont rendus compte que le climat était un combat commun, un point de convergence. C’est ce dont on s’est particulièrement rendu compte aujourd’hui, en participant aux divers rassemblements.

Vous pouvez relire les récits des précédentes journées en cliquant ici.

Une analyse plus détaillé de l’accord sera bientôt publiée par l’équipe de délégués #InsideCOP. Merci de nous avoir suivi et n’hésitez pas à nous faire vos retours en commentant cet article ou par mail redac-souris-verte[a] listes.jeunes-ecologistes.org

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