Du 30 novembre au 11 décembre a lieu au Bourget, en Seine-Saint-Denis la COP21. Les 7000 représentants des 196 signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se réunissent afin de mettre sur pied un accord universel de lutte contre le changement climatique. Cinq jeunes écologistes ont réussi à se faufiler à l’intérieur du centre de conférence. Chaque soir, ils racontent à la Souris Verte leur journée #insideCOP.
Vous pouvez relire les récits des précédentes journées en cliquant ici.
Nous retrouvons Léa, militante à Bordeaux et membre de la délégation des Jeunes Écologistes à la #COP21
SV : Bonjour Léa, merci de prendre un peu de temps pour répondre à nos questions. Nous sommes vendredi, il est 19h, la COP21 devrait être finie et pourtant, vous êtes toujours sur place et pour encore un petit bout de temps apriori. Que s’est-il passé ? Comment s’est passée la journée ?
Léa : Depuis hier soir et la publication d’une dernière mouture, les négociations se passent à huis-clos et n’ont toujours pas abouti, ce qui a amené à une prolongation de la COP d’au moins 24h. On a très peu de fuites ou d’informations sur ce qui se passe à l’intérieur des négociations. Les informations nous arrivent au compte goute [lire cet article de Rue89 sur un député belge qui tweete les sessions à huis-clos] Il y a encore beaucoup de monde au Bourget, les salles d’ordinateurs sont pleines, ce qui montrent que les ONG continuent à travailler, elles redoublent d’efforts pour obtenir quelques informations, organiser des actions et des conférences de presse. Les ONG les enchainent pour maintenir la pression sur les négociateurs. Mais aujourd’hui plus que jamais, le Bourget est coupé en deux entre les négociateurs et les observateurs, c’est très particulier.
SV : Depuis plusieurs jours, tu travaillais donc sur une grosse action avec plusieurs ONG de jeunes. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette action et sa préparation.
Léa : J’ai passé mes deux dernières journée à ne faire que préparer cette action. Le groupe YOUNGO (les organisations de jeunesse) travaillent sur cette action depuis le début de la COP21. La raison pour laquelle cela a pris tant de temps, c’est parce que nous voulions organiser une action conjointe entre les organisations qui sont à l’intérieur et celles qui sont à l’extérieur. D’une part, il était plus difficile de communiquer puisque nous n’étions pas au même endroit. D’autre part, il existe de vraies différences de point de vue entre ceux qui sont à l’intérieur, qui soutiennent le processus Onusien malgré ses imperfections, et ceux qui sont à l’extérieur qui, tout en étant dans les mêmes organisations, pensent que les COP sont obsolètes et qu’il faut en partir. C’était donc très compliqué de mettre tous ces gens d’accord sur un message commun.
SV : En quoi consistait donc l’action d’aujourd’hui et avez-vous réussi à vous mettre d’accord sur un message commun ?
Léa : Nous avons passé la journée d’hier à cela et sommes tombés d’accord sur un compromis autour du message « Il est l’heure pour de vraies solutions ». C’était une action la plus large et la plus inclusive possible pour demander un accord plus ambitieux, pour nos générations, autour de la déclaration « Keep it in the Ground » mais aussi des droits des peuples autochtones. Ceci n’a empêché que des slogans peu favorables à la COP soient criés ou que des organisations communiquent sur « Les Jeunes quittent la COP ».
L’action a commencé à 14h. Tous les participants avaient réglé l’alarme de leur téléphone à 14h et des centaines de téléphone se sont mis à sonner en même temps, signifiant qu’il était l’heure pour de vraies solutions. Les jeunes présents dans la blue-zone, à l’intérieur de la COP, se sont rassemblés dans une grande chaine humaine et nous sommes sorti devant l’entrée de la COP, sur l’esplanade des drapeaux. Pendant ce temps là, les personnes qui étaient à l’extérieur de la COP, dans la green-zone, ont fait la même chose et sont arrivés en chaine humaine jusqu’à l’esplanade des drapeaux. On s’est tous retrouvé là. C’était incroyable parce qu’il y avait énormément de monde, parce que tout s’est déroulé sans accro, sans la moindre violence, dans un esprit bon enfant. Cela faisait deux jours que j’étais en négociations avec la préfecture de police, avec le préfet lui-même, avec le chef de la sécurité de la COP21 et tout s’est bien déroulé. On a fait une énorme chaine humaine, il y a eu des discours, on a beaucoup chanté… Il y a eu des moments très émouvants. L’action était assez lente, elle a duré près de 45 minutes mais il y avait une vraie force.
SV : Comment vont se passer les dernières heures pour vous ? Comment allez-vous chercher à rester informés de l’avancée des négociations.
Léa : On va clairement aller à la pêche aux informations. Au fil de la COP, notamment ces derniers jours en participant à la préparation de l’action ou de la déclaration finale des YOUNGO, on a réussi à se constituer un réseau de plus en plus important, ce qui nous permet de récupérer quelques infos.
Demain, de nombreuses actions sont organisées à Paris, dans la rue. On aimerait bien pouvoir se dédoubler mais l’envie d’aller participer à ces grandes mobilisations, aux « Red-Lines », au Rassemblement sous la Tour Eiffel, etc. Tout dépend de l’évolution du calendrier des négociations.
SV : Merci beaucoup ! A demain pour la suite et, peut-être, la fin des négociations.