Nous avions commencé notre tour de France de la Souris Verte par Aix-en-Provence le 03 Mars 2014. Nous étions à Aubagne le 19 Mars 2014. A J-2 de ces élections municipales 2014, nous revenons dans ce même département, les Bouches-du-Rhône, pour interviewer Benjamin et Théo à Marseille.
Rédac SV : Salut Théo, Salut Benjamin, ça va ? Qui êtes-vous ?
Théo Challande : Salut salut, j’ai 22 ans. Je suis étudiant à Sciences-Po Aix et à l’université de Freiburg en Breisgau dans le Sud de l’Allemagne. En ce moment, je suis stagiaire au Ministère Fédéral Allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture à Berlin.
Benjamin Kaufmann : Salut la Souris Verte ! Je m’appelle Benjamin, j’ai 21 ans. Né à Aix-en-Provence, j’ai passé l’essentiel de ma petite vie dans le formidable département du Vaucluse (Carpentras, Villelaure, Vaison-la-Romaine, Avignon). Le Vaucluse est ainsi un territoire que je connais par cœur. Depuis un an et demi, je suis un jeune Marseillais. Niveau militantisme et engagement, je milite à 200% à Marseille et les Bouches du Rhône (Aix-en-Provence avec les Jeunes Écologistes d’Aix-Marseille Métropole notamment).
Rédac SV : Vous êtes donc tous les deux engagés à Marseille dans la politique de votre ville. Quel est votre ressenti ? Quels sont les enjeux à Marseille selon vous ?
Benjamin : Marseille est une ville extraordinaire qui compte de nombreux atouts qu’elle n’exploite pas assez ou pas du tout selon moi. Quand on commence à s’intéresser à cette ville, c’est le constat que nous nous faisons toutes et tous ! Elle a un super climat lui permettant d’être une ville leader dans la transition énergétique. Elle est la seconde ville de France avec un potentiel d’innovation incroyable. Elle a un atout rare : la mer avec tout son potentiel derrière niveau économique, niveau touristique ou niveau attractivité. La liste est longue. Marseille a des atouts, et elle ne les exploite pas.
Ainsi, Marseille aujourd’hui, c’est vraiment la ville de tous les possibles. Rien n’a été fait depuis 18 ans avec Jean-Claude Gaudin. Elle a un retard considérable dans sa façon d’appréhender la mobilité (métro, tram, vélos, bus, marche). Tout est pensé pour les voitures, et encore… Marseille est la deuxième ville la plus embouteillé d’Europe. Elle a reçu le Clou Rouillé en 2013 (trophée de la ville la moins cyclable) de la part de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) . Marseille est extrêmement en retard dans tous les domaines. Les parcs publics ferment à Marseille pour être remplacés par des constructions, tous les nouveaux contrats signés sont des Délégation de Service Public (eau avec Veolia, cantine avec Sodexho, vélo avec JCDecaux, parkings avec Vinci, …) ou encore de nombreux arbres sont coupés chaque semaine partout dans Marseille sans jamais être replanté.
Ainsi, niveau enjeux, je n’en vois qu’un ce dimanche : virer Jean-Claude Gaudin de la municipalité phocéenne. 18 ans qu’il est là, ça suffit ! Le Parti Socialiste avec Patrick Mennucci aimerait récupérer la ville pour afficher une victoire d’envergure le 30 Mars 2014. Les écologistes ont cédé à l’union de la gauche dès le premier tour. Ça leur a notamment permis d’apporter des points programmatiques intéressants (pastoralisme, une commission de contrôle financiers des DSP, la création d’un pôle d’énergie renouvelable, l’extension d’un système de location en livre service en dehors de l’hyper-centre marseillais, un plan d’installation de toilettes publiques en centre-ville non anecdotique à Marseille, …) et ça leur a permis de signer un contrat de mandature pour 2014-2020.
Théo : En tant que colistier en position non-éligible, j’apporte mon soutien à la liste « Changer la donne » de Pape Diouf à Marseille et plus précisément sur les arrondissements 4 et 5, c’est à la limite du centre-ville et c’est là que j’ai grandi et habite. A la différence de Benjamin, je ne soutiens pas Patrick Mennucci à la mairie de Marseille au 1er tour des élections municipales.
Je suis européen parce que profondément internationaliste. Ce qui veut dire que je n’envisage pas la politique locale sans penser aux enjeux de solidarité européenne ou internationale.
Niveau enjeux, c’est plutôt une situation classique avec une probable triangulaire entre le PS (disons plutôt divers gauche), l’UMP et le FN au second tour. La spécificité, c’est que la gauche pourrait remporter la mairie et retirer à l’actuel maire Jean-Claude Gaudin (UMP) un pouvoir usé de presque 19 ans d’exercice et qui n’a pas été marqué par volonté de mieux-vivre ensemble. Le résultat des élections est très incertain, et la situation nationale de défiance envers le Président Hollande n’aide pas le candidat PS, Patrick Mennucci, à devancer facilement le candidat UMP.
C’est aussi un moment charnière pour la ville et ses habitants. Depuis quelques années on voit une évolution à trois vitesse de la ville : d’une part les politiques publiques souvent incohérentes du maire avec l’action conjointe de celles de la Communauté Urbaine (PS) qui privilégie le centre-ville et les rénovations ou les projets tape-à-l’œil, d’autre par la perte d’espoir des habitants des quartiers pauvres et des catégories sociales défavorisées en général, et enfin, des mouvements alternatifs associatifs en tout genre, très politiques, humanistes et très souvent écolos mais sans réelle allégeance à aucun parti.
La montée du FN doit être encore combattue et nos valeurs affirmées. Une société apaisée qui vit sa diversité d’opinions, de religions et d’identités personnelles est aux antipodes des discours de haine des extrêmes droites.
Rédac SV : Théo, pourquoi tu as choisi de t’investir dans la politique de ta ville en tant que colistier de Pape Diouf à Marseille ?
Théo : Je voulais promouvoir une vision d’une politique écologiste aux mains des citoyennes et des citoyens. J’avais espéré que le parti écologiste, EELV, saisirait cette occasion d’une liste autonome et d’ouverture au premier tour mais les tensions internes et les choix effectués ne m’ont pas permis de soutenir le revirement du parti vers une alliance de premier tour avec le Parti Socialiste. J’ai donc placé ma confiance dans la liste citoyenne, sans étiquette mais rassemblant des militants de nombreux partis de gauche, de Pape Diouf pour « Changer la donne » à Marseille.
Je me suis donc engagé dans la campagne sur une liste citoyenne pour dire que faire de la politique et participer à la vie publique doit aller dans le sens de l’intérêt collectif, d’un vivre-ensemble pacifié et de solutions écologistes.
Notre rôle d’électeurs et de citoyen(ne)s aux Municipales de 2014 est de changer la donne en rendant par les urnes la maitrise de la vie publique aux citoyennes et citoyens. C’est un grand projet qu’on appelle « démocratie participative de proximité » et qui manque terriblement à Marseille ; est-ce un objectif réalisable quand nous ne sommes crédité que de 5% des voix au premier tour ? En tout cas, nous sommes très présents dans le débat public et nous espérons au moins porter à la connaissance de tous ces solutions.
Nous devons rendre plus participatif et plus transparent le travail des mairies de secteurs pour permettre à chacun et chacune de s’impliquer sur la durée à la vie publique et d’être tenu informé. Nous devrons construire des solutions et des politiques publiques sur la base des attentes et besoins des populations en travaillant avec elles sur le terrain. Pour moi, c’est le premier moyen pour mettre en œuvre un projet écologiste, de respect de l’environnement et des individus dans le cadre d’un lien de confiance entre les institutions et les citoyens.
C’est la seule voie possible pour inventer un système économique humaniste, solidaire et durable où les profits sont équitablement partagés.
Rédac SV : Benjamin, si Pape Diouf est écologiste, pourquoi n’a-tu pas rejoint ce mouvement ?
Benjamin : Je ne partage pas du tout l’avis de Théo. Je ne pense pas que Pape Diouf soit le maire écologiste de la ville. Citoyen, oui comme tout un chacun mais pas du tout écologiste. A titre personnel, contre la décision locale d’EELV, des écologistes comme Théo ont fait le choix de soutenir Pape Diouf. Ils ont su ainsi insuffler des propositions écologiques dans le programme.
Où j’ai du mal à les suivre, c’est d’avoir choisi Pape Diouf comme tête de liste. Pape Diouf est l’ancien président de l’Olympique de Marseille de 2006 à 2009. Il a construit sa fortune et sa carrière sur la spéculation et la revente de joueurs de foot, sur des êtres humains ! Ce ne sont pas les valeurs que je défends, je ne peux pas soutenir Pape Diouf. L’interview qui m’a confirmé dans mon analyse, c’est le talk show de Pape Diouf à Marsactu dernièrement (un très bon journal marseillais en ligne). Dans cet interview d’une heure, il refusait de répondre précisément aux questions (chose qui m’énerve) en renvoyant les journalistes vers son programme et surtout ne fermait pas la porte à une alliance avec Gaudin au second tour. En écoutant l’interview, j’ai halluciné ! Beaucoup sont traités d’opportunistes à Marseille, sur le coup j’ai vraiment pensé que nous avions un sérieux challenger avec Pape Diouf (article de Marsactu : http://www.marsactu.fr/politique/replay-au-second-tour-diouf-ne-ferme-pas-la-porte-a-une-alliance-avec-gaudin-33367.html).
La liste de Pape Diouf, c’est la liste des déçus de ceux qui n’ont pas eu l’investiture souhaité avec le Front de Gauche, avec les écologistes d’EELV ou avec le Parti Socialiste.
Rédac SV : Théo, pourquoi as-tu choisis de ne pas t’investir dans la politique de ta ville avec ton parti EELV ?
Théo : Mon point de vue, qui est sûrement très subjectif, est que Karim Zéribi, ex tête de liste pour une liste EELV, n’allait pas poser les bonnes questions ni porter le bon discours dans cette campagne. De plus, la gouvernance actuelle du parti écologiste à Marseille manque terriblement de consensus, d’écoute et peut-être même de légitimité. C’est dommage car nous sommes tous sur la même ligne programmatique et les intérêts individuels sont venus déchirer le contrat collectif du parti à Marseille.
Le ralliement au premier tour d’EE-LV au Parti Socialiste est pour moi une erreur stratégique importante qui ne permet pas aux solutions écologistes d’être défendues et partagées. De plus, j’ai interprété la fusion des deux listes comme l’attribution d’une confiance à la politique gouvernementale et locale du Parti Socialiste. Je ne pouvais décidément pas partager cette décision. Au niveau national, la politique économique est très libérale et individualiste, la politique écologiste est inexistante comme on le voit avec le maintien de la politique d’énergie nucléaire et l’absence de transition énergétique, la politique en matière d’immigration inflige de terribles souffrances, les discours sécuritaires sont si peu pertinents par rapport aux réalités économiques, au niveau local, l’oubli des quartiers pauvres et l’absence de politiques en infrastructures publiques de première nécessité sont dommageables pour le quotidien des plus fragiles, … non, décidément, non, je ne pouvais adhérer à cette alliance.
Nous ne devons pas mettre toutes nos forces à convaincre le PS de changer de ligne, nous devons l’obliger à le faire en obtenant l’adhésion civile à nos propositions écologistes. Et nous devons bien sûr, continuer à créer un mouvement écologiste autonome et performant. Le seul espoir actuellement, c’est l’incapacité du PS à gagner l’élection à Marseille sans le soutien des mouvements à sa gauche.
Benjamin : La gouvernance d’EELV à Marseille est transparente. Entendre qu’elle manque de légitimité est une insulte pour tous ceux qui la compose. Ayant participé aux différentes Assemblée Générale marseillaise, je me sens « peut-être » « terriblement » insulté. Même si je suis colistier d’aucune liste à Marseille ni ailleurs.
Les décisions ne font pas consensus, mais elles font majorité. L’écoute passe aussi par la compréhension et l’approche des uns et des autres. Malheureusement quand une décision ne fait pas consensus, cette dernière subit un rapport de force. Ceux qui en pâtissent restent dans leur petite bulle en criant à l’illégitimité, mais aujourd’hui toutes les décisions prises par EELV Marseille ont été au cours de longue Assemblée Générale avec beaucoup de débats et à la fin avec un vote majoritaire.
Rédac SV : Est-ce qu’il existe un projet intéressant /qui te tient à cœur qui a été mené durant le dernier mandat ?
Théo : Oui, bien sûr ! Même si ce n’est pas vraiment un projet que l’on peut attribuer si facilement à un camp politique : c’est Marseille Capitale Européenne de la Culture en 2013, qui a permis au secteur artistique et culturel alternatif de se lever, de catalyser ses forces et son enthousiasme. Toutes ces associations, ces artistes, qui qu’ils soient, ont réussi à proposer un projet si fort, que l’institution culturelle étatique, mainstream, ne pouvait plus les ignorer. Souvenez-vous du camping éphémère « Yes We Camp » ! Le Off en général.
Mais de l’autre côté, le « in » du festival a plutôt fait ses preuves, par exemple avec les expositions au Mucem, au J1, mais aussi au Musée des Beaux-Arts du Palais Longchamps et à Aix également. C’était une véritable réussite. La question est maintenant de savoir si nous avons la volonté de mener une politique culture inclusive, qui se satisfait de moyens financiers moins importants, pour penser une suite à ce foisement d’idées et d’initiatives qui germent dans chaque quartier de la ville ? C’est nécessaire, mais je ne suis pas certain que cela se réalise.
Benjamin : Bien sur que pour le coup, je répondrai pareil que Théo. Marseille Provence 2013 a été une réussite sur le point que ça a permis de rassembler les marseillaises et les marseillais. A chaque manifestation (cérémonie d’ouverture, la TransHumance, …), beaucoup de marseillaises, marseillais, métropolitaines et métropolitains ont répondu présents. Pour moi, ces rassemblements sont la réelle réussite de MP 2013 dans le « in » : avoir su recréer du lien entre les habitants.
Dans le « off », je crois que beaucoup de Jeunes Ecolos se souviennent du camping « Yes We Camp ! ».
Rédac SV : Demain, comment tu vois ta ville ?
Théo : J’ai beaucoup d’idées et d’espoir pour notre futur collectif à Marseille et sur le territoire de la Métropole. Mais je ne vois pas ni dans le projet politique à droite (UMP) ni dans celui à gauche (PS et consort) de réelle vision ni de trame désirable pour notre vi(ll)e.
Je voudrais voir des changements majeurs dans le discours d’abord. Entendre dire « vivons-ensemble » et dans cet esprit collectif « construisons des politiques désirées par tous ». C’est un discours humaniste, de mieux-vivre, issue d’une conscience politique commune plus grande que je voudrais voir partager par chacun d’entre nous.
Concrètement, cela appelle des transformations importantes dans la gouvernance locale, pour mettre à bas le clientélisme, profondément inégalitaire, en suivant la voie d’institutions politiques locales renouvelées. Je voudrais des expérimentations des mécanismes de démocratie participative de proximité : les budgets partagés, les Conseils de Quartiers, le tirage au sort, la transparence de l’action publique, le respect de l’opposition, les visites participatives de terrain. Cela nous permettrait aussi de partager une conception d’élu(e)s honnêtes et responsables qui ne cumulent pas plusieurs fonctions exécutives et font la transparence sur leurs indemnités.
C’est si simple que c’est rageant de ne pas voir tout cela appliqué.
Je voudrais des politiques pour protéger notre environnement de vie, nos parcs et nos arbres, notre alimentation pour promouvoir le bio, la production locale et la réutilisation de nos déchets aussi bien dans les cantines scolaires que dans nos magasins de distributions. Les espaces publics sont trop pollués, à cause des voitures, des lumières et du bruit. L’espace public est aussi inapte à la rencontre créative, aux solidarités, et est partout impraticables à la circulation, notamment des personnes handicapées et des vélos. Que dire des logements, dont l’urgence est d’une part de résoudre l’insalubrité et les dépenses trop importantes en énergie… Nous voulons aussi de nouvelles formes d’habitats, collectifs ou individuels.
Je voudrais des expérimentations pour une économie sociale et solidaire : une monnaie locale indépendante des marchés financiers et donc très stable, par exemple. Je voudrais une politique éducative dès la petite enfance qui soit plus ouverte et qui soutienne l’imagination créative de chacun et l’attention portée à soi-même et aux autres plutôt que la compétition. Je voudrais une politique contre les discriminations aux personnes, concrètement, une charte des commerçants et des entreprises pour le respect des caractéristiques individuelles comme la couleur de peau ou l’orientation sexuelle.
Et il y a tant que choses que je voudrais encore expliquer ! Tant de chose que seul un mouvement collectif peut réaliser, et ce mouvement collectif n’existe pas encore à Marseille… sommes-nous réellement en train de le construire ?
Benjamin : Avec Patrick Mennucci, la ville sera mieux qu’avec Jean-Claude Gaudin. Avec un groupe écologiste fort et dans la majorité à la municipalité, j’espère que Marseille va bouger et enfin se réveiller de son sommeil.
Ce ne sera pas le paradis, loin de là. Nos combats d’écologistes contre les caméras de surveillance, les DSP, les petits et grands projets inutiles, … continueront. Mais, demain, j’espère que ma ville sera plus respirable !
Les résultats du second tour :
Marseille Secteur 1
D. TIAN (Union de la droite) : 44,89%
P. MENNUCCI (Union de la gauche) : 40,49%
D. DEMEESTER (FN) : 14,60%
Marseille Secteur 2S. BIAGGI (Union de la droite) : 47,69%
E. CASELLI (Union de la gauche) : 32,63%
J. MARTI (FN) : 19,66%
Marseille Secteur 3
J-P. BAUMANN (FN): 18,85%
M-A. CARLOTTI (Union de la gauche): 33,38%
B. GILLES (Union de la droite) : 47,75%
Marseille Secteur 4
Pas de second tour, J-C. Gaudin (Union de la droite) élu dès le premier tour (50,07%)
Marseille Secteur 5
K. ZERIBI (EELV-PS): 22,19%
L. COMAS (FN): 26,35%
G. TEISSIER (Union de la droite) : 51,44%
Marseille Secteur 6
E. PHILIPPE (FN) : 29,95%
C. MASSE (Union de la gauche) : 23,36%
R. BLUM (Union de la droite) : 46,68%
Marseille Secteur 7
R. MIRON (Union de la droite) : 32,14%
S. RAVIER (FN) : 35,33%
G. HOVSEPIAN (Union de la gauche) : 32,51%
Marseille Secteur 8
A. FRUCTUS (Union de la droite) : 23,83%
B. MARANDAT (FN) : 30,62%
S. GHALI (Union de la gauche) : 45,54%