Antoine, Jean, Marie, Léa et Michaël sont parti-e-s pour Tbilissi, capitale de la Géorgie. C’est en effet là que se tient cette année l’Assemblée générale de la FYEG (Fédération des Jeunes verts européens). Elleux nous racontent leurs pérégrinations dans cette république du Caucase, aux confins de l’Europe. Aujourd’hui, Michaël nous fait faire une petite virée touristique à travers la ville.
1er juin, 19h, aéroport Charles de Gaulle. Peu fringant mais pas moins excité, j’attends patiemment d’embarquer pour m’envoler vers la Géorgie, en tant que délégué des Jeunes Écologistes à l’Assemblée Générale de la Fédération des Jeunes Verts Européens (FYEG). Je serai le premier de notre délégation française à y arriver, ce qui me laisse le temps de profiter un peu de la ville avant l’AG.
Je connais déjà un peu ce pays de façon indirecte pour avoir quelques ami-e-s géorgien-ne-s qui étaient en Erasmus en France, lors de mes études, et aussi pour avoir quelques fois rencontré nos homologues Jeunes Verts de Géorgie. Pourtant, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, tant les profils de toutes ces personnes étaient différents. La seule chose dont je suis certain, c’est que la société y est ce que l’on qualifierait nous, occidentaux ethnocentrés, de « conservatrice ». L’émancipation des femmes reste encore assez relative, le rapport à la religion y est très fort et l’homosexualité, si elle n’y est pas taboue, reste globalement rejetée. Mais je ne pars pas complètement à l’aventure cette fois-ci. Je vais d’abord chez mes ami-e-s puis à l’AG, donc clairement, aucune raison d’être inquiet sur les potentielles gaffes culturelles que je pourrais faire sur place. Après quelques cafés et de longs moments à se remémorer les bons temps passés avec tou-te-s ces personnes que je vais revoir sous peu, il est enfin temps de monter dans l’avion.
Six heures de trajet plus tard, sans avoir réussi à dormir, me voilà arrivé à l’aéroport international de Tbilissi, capitale de la Géorgie. Rien d’exceptionnel à un détail près : lorsque vous passez la frontière, on vous offre… une bouteille de vin ! Non, non, ce n’est absolument pas une blague ! En bon Français que je suis, évidemment, du vin (rouge qui plus est), ça me fait plaisir, mais j’admets que j’ai été très surpris de me voir offrir une bouteille au contrôle à la frontière et à 4 heures du matin. Ce voyage commence donc plutôt bien. Je rejoins Giorgi (Georges en français, prénom très courant en Géorgie. Oui, Georges le Géorgien, oui… mais on ne se moque pas des patronymes !). Il a eu l’extrême gentillesse (ou folie) de venir me chercher à 4 heures à l’aéroport pour me conduire jusqu’à chez lui, où je vais rester jusqu’à l’AG de la FYEG.
On discute beaucoup, on rattrape ces trois années sans se voir et on se rappelle nos bons souvenirs d’étudiants autour du vin offert à l’aéroport, il ne faudrait pas laisser se gâcher un tel cadeau. Puis vient (enfin !) l’heure de dormir un peu.
Je me lève à 13 heures. Accueil plus que chaleureux, je rencontre la famille de Giorgi et je prends mon petit-déjeuner avec eux. Enfin, c’était plutôt entre un petit-déjeuner et une tablée de Noël, à vrai dire ! Mais tout le monde est très sympa, et surtout tout le monde parle au moins un peu anglais, ce qui m’arrange puisque je n’ai pas pris le temps d’apprendre le géorgien avant de venir et je ne sais dire que « bonjour » (გამარჯობა – « garmarjoba ») et « merci » (მადლობა – « madloba »). C’est utile mais ça fait pas une conversation.
Après quelques cafés, je me sens déjà un peu plus réveillé et je commence à faire un peu attention à ce qui m’entoure. J’avais déjà remarqué la veille quelques symboles religieux dans la maison, mais je remarque cette fois qu’il y en a en fait beaucoup et certains que l’on devine très chers (au sens sentimental du terme) et symboliques. Notamment un petit autel où une bougie est constamment éclairée avec quelques photos dont je n’oserai pas demander l’identité.
Une autre chose me frappe aussi, Giorgi vit chez sa mère, avec sa femme. Bon, jusque-là, rien de si étrange. Ce qui me marque surtout, c’est que c’est donc Katy (la femme de Giorgi) qui s’occupe de la plupart des tâches quotidiennes à l’image de la femme au foyer traditionnelle, mais qui a en plus un mari qui ne travaille pas et qui s’occupe au passage de sa belle-mère… Elle le réveille le matin et lui prépare son petit-déjeuner, elle sort toujours avec tous ses papiers à lui en plus des siens à elle, c’est elle qui sort faire les courses pendant qu’on l’attend dans la voiture, etc… ça tranche beaucoup avec ce que j’ai pu voir chez les Jeunes Verts de Géorgie, mais je ne suis pas étonné outre mesure, j’avais déjà le souvenir d’un Giorgi plutôt « macho » dans notre esprit français. Je vois qu’il n’a pas changé…
Après ce petit déjeuner plus que copieux, on part en ville, dans les quartiers anciens, pour faire un peu de tourisme. Du peu que j’ai pu en voir ce premier jour, Tbilissi est un ville très surprenante qui mélange les genres à beaucoup de niveaux. Ce qui frappe le plus, c’est la grande différence entre les rues touristiques et les rues traditionnelles. Les premières sont très proprettes, voire luxueuses, avec canapés en terrasse, de magnifiques fleurs bien taillées de partout et tout traduit sinon en anglais, au moins écrit phonétiquement. Les rues plus classiques du vieux quartier, elles, ne paient pas forcément de mine. Certaines sont à peine goudronnées et laissent deviner des bâtiments assez peu entretenus. Elles ne sont pas tape-à-l’œil et bien moins ordonnées. Personnellement, je trouve que c’est précisément ce qui les rend plus chaleureuses. Même si on y reste définitivement un touriste, on n’est pas qu’un touriste, contrairement aux fameuses rues où l’on n’entend pas une seule syllabe de géorgien et où l’on paie tout cinq fois son prix normal. Toutes ces rues se croisent et se côtoient, mais peu de touristes sortent des sentiers battus. Sans être accompagné d’un Géorgien, je n’y serais peut-être moi-même pas allé, tant le « chemin touristique » est rodé et vous fait traverser tous ces lieux créés juste pour les visiteurs, sans même que vous vous en rendiez vraiment compte.

On remarque aussi très rapidement la différence entre les bâtiments contemporains et les bâtiments classiques. Les premiers font même un peu tâche parfois dans le paysage. Ils sont tout en verre, mais surtout extrêmement imposants par rapport au reste de la ville. Plus hauts, plus larges et plus voyants, ils paraissent réellement déconnectés du reste, comme sortis d’une autre époque (ce qui est un peu le cas en même temps) ou du moins d’une autre culture, traduisant d’après Giorgi d’une envie de montrer que la Géorgie est aussi un pays moderne, au détriment d’une politique d’urbanisme plus tournée vers les habitants. Le fait que le maire ne soit pas de Tbilissi mais apparemment un apparatchik parachuté n’y est certainement pas pour rien. Étrangement tous ces bâtiments sont d’ailleurs à proximité des rues touristiques…
Malgré ses attrape-touristes, Tbilissi n’en reste pas moins une ville splendide à bien des égards. Elle est entourée de montagnes superbes que l’on peut voir depuis la périphérie ou dès que l’on prend un peu de hauteur. Elle a certes comme chez nous ses quartiers faits de barres d’immeubles en béton mais elle a aussi tout un quartier, le « vieux Tbilissi » qui est le quartier historique de la ville et donc logiquement très traditionnel et très ancien. Par ailleurs pour quelqu’un venant d’Europe de l’ouest le style architectural tranche avec ce que l’on a plus l’habitude de voir. Les églises orthodoxes, les bâtiments orangés ou faits de briques roses et pierres blanches rappelant un peu notre ville rose, mais surtout le mélange de nombreux styles différents au sein de la même rue ou du même quartier a cette étrange capacité de vous étonner à chaque coin de rue, ce qui n’est pas pour déplaire au touriste que je suis. Malgré l’exaltation qui a été la mienne de découvrir ce quartier, je n’ai pu m’empêcher de remarquer que celui-ci aussi cache de nombreux bâtiments abandonnés, laissés à leur triste sort. Certains d’entre eux semblent même très anciens et témoignent d’une richesse architecturale que l’on imagine difficilement laisser à l’abandon. Giorgi n’est pas du même avis que moi sur la question. Il est conscient que c’est assez dommage mais clos le sujet sur un « de toute façon ça n’intéresse personne ces bâtiments » avec une désinvolture plutôt déconcertante, je n’insisterai pas…
Le reste de la journée fût très touristique encore. Nous sommes allés sur les hauteurs de la ville pour avoir une vue plongeante sur les vieux quartiers et ces fameux bâtiments contemporains. Une vue époustouflante devant laquelle on finira cette journée en mangeant un khatchapouri, une délicieuse spécialité pour les amoureux du fromage.
Bref, bienvenus dans mon voyage en Géorgie !