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Pour Halloween on fait grève.

Le mois d’Octobre s’est donc terminé avec une jolie cerise sur la citrouille: une grève générale de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni. Sous l’égide des trois syndicats les plus importants (UCU, Unite et Unison) dans le secteur il y a eu un fort appel à la grève, du moins pour les britanniques. Ce mouvement a aussi reçu le soutien des étudiants – enfin, plus dans certaines universités que d’autres. Par exemple : chez les ‘progressistes’ de l’UCL (University College London) des cours avaient encore lieu, et il n’y avait que les membres de l’association marxiste pour se rallier à la vingtaine de profs qui gardait les entrées de l’université en implorant timidement les passants à ne pas aller en cours. À deux cents mètres de là, chez les hurluberlus gauchistes de l’école des études de l’Afrique et de l’Orient (pauvre traduction de l’emblématique School of Oriental and African Studies), les portes étaient fermées, les profs donnaient des discours (ou organisaient-ils leur cours en plein air ?), les étudiants étaient là, les tambours et le bruit aussi. Et bien sûr, fidèle à son poste comme tous les jours : l’association Hari Krishna distribuant gratuitement de belles assiettes de déjeuners vegan à toutes et à tous.

Donc, cette grève. C’est la première depuis la crise de 2008. Sur ces cinq ans, le corps enseignant (aussi bien que les bibliothécaires et autres professions étroitement liées) a vu son salaire réel baisser de 13%, alors que le grand patronat de ces institutions quasi-privées se taille une part toujours plus conséquente des quelques £1 milliard de surplus dans le système. On en rajoute ? Eh bien, la disparité salariale homme-femme dans le secteur est de 12%, les administrations défendent les augmentations minimes du salaire brut avec des avantages non-salariaux (une tasse de thé peut-être, les jours de grève ?), et puis il y a l’introduction progressive d’un système de fidélité académique :

« Tu te lie à notre université indéfiniment en tant qu’académicien ?  Voilà un gros chèque. Tu ne veux pas ? Oups, on va devoir revoir ton salaire à la baisse, mais reste ! »

Bien qu’il n’y avait rien d’autre au programme que « Fair Pay Now ! » (On l’a bien crié sous les fenêtres du big boss ou ‘Provost’ d’UCL), cette mobilisation été suffisamment bien suivie pour faire des remous au sein des institutions. Mais où s’envole cet argent qu’on nous siphonne en tant qu’étudiants pour payer tout sauf nos livres, nos photocopies, nos profs, nos bibliothécaires? Il faudra encore et encore des défilés dans la rue au rythme des tambours et des sifflets pour retrouver un peu de justice, un peu d’humain dans ce système.

Radio Londres vous quitte avec un chant hallownesque :

« Cameroooon. Cameroooon. Where are you gonna go when we come for you ? when we come for you.

Cameroooon. Cameroooon. Where are you gonna go when we come for you ? when we come for you. »

Dimitri Cautain

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