Le week-end du 1er au 3 novembre, j’ai été invité à assister au Congrès Fédéral des Jeunes Verts allemands pour participer à plusieurs ateliers sur la campagne pour les élections européennes de Mai prochain et le jumelage des groupes locaux : une occasion unique d’observer les pratiques de nos amis d’outre-rhin.
Un congrès fédéral, ce sont bien sûr des bilans, des élections, de longs discours et des résolutions adoptées. Mais ce n’est pas cela que je souhaite raconter : vous pourrez facilement trouver un compte-rendu sur leur site internet ! Je me suis amusé pendant tout ce week-end à jouer aux jeu des différences entre le congrès des Jeunes Verts Allemands et une Assemblée Générale des Jeunes Écolos…
La première chose qui m’a frappé lorsque que je suis arrivé à Gelsenkirchen était le nombre de militants présents : plus de 400 jeunes verts venus de toute l’Allemagne.
Impossible avec tant de participants de compter par exemple comme nous le faisons chez les Jeunes Écolos sur l’hébergement militant. La solution de la Gruene Jugend a été de louer un lycée pour le week-end. La plénière avait lieu dans le théâtre, les réunions de groupes de travail dans des salles de cours, la fête dans la piscine vide du lycée, les repas à la cantine, l’accueil dans le hall et le dortoir dans le gymnase du lycée !
Il y avait deux lieux, un pour les couche-tôt, l’autre pour les couche-tard. Et plus de 300 couche-tard qui dorment par terre dans un gymnase, ça donne quelque chose comme ça :
A noter que les allemand-e-s doivent être les colocataires idéaux : ça ne sentait pas le fauve comme on aurait pu s’y attendre et il n’y avait presque pas de ronflements !
Lorsque je suis arrivé et que je suis allé m’enregistrer, on m’a donné un tour de cou avec un badge vert, à garder toujours avec moi. Mais rapidement, j’ai remarqué que tous les participants n’avaient pas le même badge :
Julia avait une carte verte comme moi : elle a plus de 18 ans et peut globalement tout faire.
Kathrin avait une carte jaune : elle a entre 16 et 18 ans et elle n’a donc pas le droit par exemple de fumer ou d’acheter de l’alcool.
Sabrina avait une carte rouge : elle a moins de 16 ans et elle n’a pas le droit de fumer, de boire, de coucher avec d’autres personnes et doit être au lit à 22h, donc pas de fête !
Mais bien sûr, tout ça, c’est de la théorie, histoire de rassurer les parents ! Quand, le samedi soir, l’Assemblée Générale a été suspendue à plus de 3 heures du matin, les adhérent-e-s les plus jeunes étaient encore là..
Le hall d’entrée était une véritable fourmilière : on pouvait s’enregistrer, acheter à boire ou à manger, trouver des réponses à toutes ses questions et les internationaux que nous étions y avions même une table pour présenter nos organisations et les différentes manières de s’engager à l’international…
Mais au cours du week-end est aussi apparu un arbre à message « pour Claudia », Claudia Roth était jusqu’à il y a 15 jours la présidente des Verts allemands. Il faut dire que les Jeunes Verts allemands sont beaucoup plus proches que les Jeunes Ecolos français de leur « parti-parent ». Les Jeunes Verts siègent et peuvent voter au congrès des Verts allemands, ils ont des places qui leur sont réservées à chaque élection, etc..
Mais surtout, Claudia Roth le mérite bien. Elle a été présidente des verts allemands pendant plus de 10 ans et elle correspond plutôt bien aux Jeunes Verts : à la gauche du parti, à fond sur les questions de genre et de sexualité. J’ai l’impression que beaucoup de Jeunes Verts ont perdu leur deuxième maman le 21 octobre dernier.
Le congrès des Jeunes Verts allemands a aussi été pour moi l’occasion pour moi de retrouver quelque chose que j’avais déjà découvert en participant à l’Assemblée Générale de la FYEG (Federation of Young European Greens) à Barcelone, à savoir les différences d’histoire du féminisme qu’il peut y avoir entre la France et l’Allemagne. Un de ces révélateurs est la question des quotas Homme-Femme.
Les Jeunes Verts Allemands appliquent ce qu’on appelle les quotas « 50+ ». A savoir, que la moitié des postes sont pour les femmes et que les autres sont ouverts aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Pour une élection avec 2 sièges à pourvoir comme par exemple pour être porte-parole, on pourrait donc avoir : un homme et une femme, mais aussi deux femmes. Pas question par contre d’avoir 2 hommes portes-parole.
Je reviendrai sûrement sur la question dans un prochain article…
Pendant ce congrès fédéral, ont aussi été organisées plusieurs rendez-vous strictement réservés au femmes. Le samedi matin, les femmes ont même voté pour un « Frauen Forum », les hommes ont été interdits dans la salle de l’Assemblée Générale pendant près d’une heure et pendant ce temps, les femmes pouvaient débattre sans hommes d’une résolution sur l’avortement avant qu’elle ne soit débattue par l’ensemble des adhérent-e-s.
Photos interdites, il faudra se contenter de ces deux seuls tweets !
Jetzt beginnt das Frauenforum zum TOP Schwangerschaftsabbruch. Ich freue mich, wie konsequent dieses Instrument eingesetzt wird:). #gjbuko
— Terry Reintke (@TerryReintke) November 2, 2013
(Et commence à l’instant le FrauenForum sur le point à l’ordre du jour « Avortement ». Je suis contente de voir la façon dont est utilisé cet instrument)
Und immer wieder die eine Frage: Darf man aus dem Frauenforum twittern? #gjbuko
— Paula (@Paula_Louize) November 2, 2013
(Et toujours la même question : a-t-on le droit de twitter pendant le Frauen Forum ?)
Enfin, comme je le disais plus haut, un congrès fédéral, ce sont d’abord des bilans, des discours mais aussi des votes et des élections.
Lorsque les Jeunes Verts allemands doivent voter sur un texte ou un amendement, c’est plutôt simple, on vote à main levée comme un peu partout. Mais c’est lorsqu’il s’agit d’élections, de vote à bulletin secret, que cela se complique. Comment faire voter rapidement 400 personnes et ce sans risquer de fraudes ?
Au moment de la première élection, je m’attendais à voir la foule des 400 militants se lever pour aller voter près de la scène, et j’imaginais déjà le bazar que ça allait être et le temps que ça allait prendre. Mais pas du tout ! Tou-te-s sont resté-e-s bien sagement à leur place et ont levé un carton rose. Les porteurs des urnes se déplaçaient alors vers eux pour qu’ils puissent voter. Lorsqu’il ou elle arrive, chaque Jeune Vert reçoit une grande carte rose avec plusieurs cases à cocher et un petit carnet blanc de 48 bulletins de vote, numérotés.
Lorsque l’on doit voter à bulletin secret, la présidence choisit un numéro et tou-te-s les adhérent-e-s doivent voter avec le bulletin correspondant. Aucun risque, donc, que la personne essaye de glisser deux bulletins dans l’urne lorsqu’elle vote.
Lorsqu’elle vote, on coche la case correspondante sur son carton. Double sécurité !
Le problème, c’est que certain-e-s adhérent-e-s confondent leurs bulletins de vote avec un carnet de note et l’on doit alors sauter certains numéros pour que tout le monde puisse voter !
Peu de temps après que le trente-deuxième bulletin de vote ait été utilisé, ce fut l’heure de clore ce 41ème congrès fédéral de la jeunesse verte allemande. Ce fut pour eux l’occasion de faire le bilan des élections fédérales allemandes et du faible score des Verts mais surtout de se lancer dès maintenant dans la campagne des élections européennes : Grezenlos glücklig ! Heureux sans frontières !
Je repars de ce congrès avec plein de nouvelles rencontres, une nouvelle homologue à l’international prête à tout déchirer, des idées plein la tête à expérimenter en France, des contacts pour jumeler nos groupes locaux avec l’Allemagne, et surtout le sentiment toujours plus fort que l’Europe est belle et que c’est nous, la jeunesse, qui lui donnons vie !
Les Jeunes Verts allemands tiennent un congrès fédéral tous les six mois, alors la prochaine fois, n’hésitez pas !
Tchuss !