Tour d'Europe - Européennes 2014

Le Tour d’Europe de la Souris Verte : étape Espagne

 Du 22 au 25 Mai 2014, les électeurs des 28 états membres de l’Union Européenne vont élire les 751 députés Européens au sein du Parlement Européen. Mais il se passe quoi au fait un peu partout en Europe ? Comment les jeunes militants voient-ils l’Europe, l’engagement politique et les enjeux politiques des élections ? On a posé la question à plusieurs militants, pour notre Tour d’Europe, et aujourd’hui c’est Joan d’Espagne qui nous répond !

Rédac SV : Salut Joan, ça va ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Joan : Salut ! Je suis Joan Groizard, un espagnol (de Mallorque) « exilé » à Londres, où je bosse comme ingénieur dans les énergies renouvelables.

Rédac SV : Qu’est-ce qu’être Européen pour toi ?

Joan : En fait je sens que ma première identité « nationale » c’est européen (ensuite je suis mallorquin, puis je suis des Iles Baléares et finalement je suis espagnol). Pourquoi je me sens européen ? Parce que l’Europe ce n’est pas une « nation » comme les autres, avec des valeurs « historiques » souvent basées sur des critères géographiques, totalement fortuit. L’Europe est né avec les idées des droits de l’homme (et la femme), la solidarité, la diversité… et plutôt la paix. J’ai du mal à m’identifier à des idées et des valeurs simplement car je suis né dans un pays ou dans un autre. Mais je m’identifie totalement à l’idée d’un espace construit afin d’atteindre la paix et les droits en Europe… et dans le reste du monde.

Rédac SV : Quelle est la situation dans ton Euro-région ? Qui sont les candidats ? Quelle est la dynamique ?

Joan : En Espagne, il n’y a qu’une seule circonscription. Tous les votes ont la même valeur, et c’est la seule occasion en Espagne pour les petits partis – dont EQUO, le parti vert espagnol – de jouer avec les mêmes chances que les autres partis. Pourtant, la situation est un peu désespérante avec 26% de chômage (56% pour les jeunes) et un taux prévu de participation aux élections de moins de 50%.

Les deux principaux partis – le parti socialiste et le parti « populaire » (centre-droite) ont une candidate et un candidat qui ne sont pas du tout engageants. Pour eux, c’est mieux si les Espagnols ne s’activent pas et restent chez eux. Ils savent que si les citoyen-ne-s vont voter en masse, ça ne va pas être pour eux.

Il y a aussi les communistes (« gauche unie »), les « on n’est pas droite, on n’est pas gauche, mais on vote avec la droite » UPyD (Union – car ils sont du Centre, progrès et démocratie), EQUO (le parti vert, en coalition avec des partis régionalistes), différentes candidatures régionalistes (basques, galiciens, catalans, dans chaque cas de gauche et de droite) et des tout nouveaux partis. Soit beaucoup de diversité… Peut-être trop pour le citoyen moyen qui ne connait pas trop la politique européenne ?

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Rédac SV : Les élections européennes sont les élections les moins populaires. Pourtant, même avec des Eurodéputés loin à Bruxelles et Strasbourg, les conséquences sur l’Europe sont visibles. As-tu des difficultés à parler d’Europe autour de toi ?

Joan : C’est toujours pareil. Ce sont des élections européennes mais tout le monde parle du gouvernement et de l’opposition au niveau de l’Espagne. Les médias ont aussi du mal à expliquer l’Europe, et même à parler des évènements clés, comme le débat entre les candidats et la candidate à la présidence de la Commission Européenne.

Beaucoup de monde dit que l’Europe est trop lointaine, qu’il faut résoudre les problèmes locaux dans un premier temps… et ils ne comprennent pas qu’en fait beaucoup de ces problèmes viennent parce que ce sont des politiciens néolibéraux et de droite qui ont le pouvoir maintenant en Europe.

Rédac SV : Est-ce qu’il existe un projet qui te tient à cœur qui a été mené durant le dernier mandat en Europe ?

Joan : À mon avis, le principal problème partout en Europe dans ce dernier mandat, c’est que sous prétexte de gérer la crise économique, les gouvernements des états membres de l’Union Européenne ont pris le pouvoir. Ils en ont profité, avec le permis d’un Parlement Européen plutôt conservateur, pour avancer un agenda de dérégulation, d’austérité, de privatisation et autres mesures néolibérales. Face à ça, les dernières années ont surtout été une résistance face à ces mesures et cette idée d’une Europe seulement comme marché commun au service des grands pouvoirs économiques.

Dans tout ce contexte, la bataille la plus importante c’est le TTIP ou TAFTA. La négociation d’un traité secret entre l’UE et les États Unis qui permettrait à des multinationales de poursuivre en justice des gouvernements dans des tribunaux privés s’ils essayent de mettre en œuvre des lois pour protéger l’environnement ou les droits des travailleurs au-dessus des niveaux américains est abominable.

Rédac SV : Demain, comment tu vois ton Europe ?

Joan : C’est une très bonne question. Je crois vraiment que les citoyen-ne-s européen-ne-s vont prendre conscience de l’urgence et se mobiliser pour vraiment changer les choses. Peut-être que ça va arriver tard et ça va être après-demain et pas demain. Mais finalement nous aurons une Europe sociale, durable et juste, parce que nous aurons une Europe démocratique. Une Europe sans frontières internes et qui lutte pour un monde meilleur.

Sinon, je n’ose pas penser ce que serait l’alternative.

La Souris Verte

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